LA TERRE,
LES HOMMES
ET LE
POUVOIR DES DIEUX
«Obéissez à vos
conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes
dont ils devront rendre compte; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le fassent
avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage.»
(HÉBREUX 13, verset 17)
«Il est des endroits
où même la mort peut mourir.» (H.P. Lovecraft)
Lorsque Milo Marcelin
écrivit son ouvrage1, il avait sûrement oublié de mentionner que, depuis les
temps immémoriaux, les hommes ont été des créateurs de mythes. Quête utopique
devant l’origine de la Vie, devant la hantise de la Mort, ou la peur de
l’Inconnu. Les hommes se sont toujours raconté des histoires dans le but de
mieux comprendre l’univers qui les entoure ou de faire face à la souffrance.
Mais après plusieurs siècles d’appréhension de la Connaissance, l’illusion
rationaliste s’est vite emparée de l’illusion poétique ou métaphysique, et on
assiste dès lors à l’association du mythe au mensonge; ce qui le discrédite
malheureusement comme une déformation de la Vérité. Les mythes ont au contraire
pour fonction, entre autres, «de nous aider à voir l’envers du décor et le sens
caché derrière le visible et l’immédiat.» Le rôle des mythes ou de
l’imaginaire, n’est-ce pas de nous susciter à mieux vivre dans l’illusion ou
dans l’attente d’une humanité plus réconfortante.
L’ORIGINE DES LOAS ET
LES LOAS D’ORIGINE
Dans le contexte de
la légende du vaudou, les loas1-6 sont des divinités, des génies, des esprits
ou des êtres surnaturels et puissants, qui ont des dons démesurés auxquels s’accommodent
certains humains par pure obligation, par cupidité ou par curiosité dans le but
de parfaire leur connaissance. Les loas sont d’origine mystérieuse, d’où leur
appellation d’anges, de «mystères», voire de diables pour les non partisans du
vaudou (catholiques et protestants).
Dans l’imagerie des
non-adeptes de ce culte, les loas et le vaudou tirent leur origine de l’Afrique
ancestrale et satanique, plus précisément du polythéisme Fon et Yorouba
pratiqué dans le golfe du Bénin. A cela s’ajoutent des cultes dahoméens et
autre curiosités mystiques ramassées lors de la Traite des nègres (Europe,
Afrique, Antilles ou Amériques). Car les Amérindiens, avant Christophe Colomb
et les «conquistadores» qui le suivirent, servaient des dieux, les Zémès2,7. D’où
le terme créole «Franc Guinen» (franc généré, franc engendré) qui se réfère au
peuple précolombien dont les Ancêtres, les Atlantes - tout comme Jésus -
naissaient d’une seule chair. À cette époque, les femmes pouvaient, après
l’ovulation, se féconder elles-mêmes, sans apport de germe mâle extérieur.
Cette faculté se nomme «Immaculée Conception» ou franche génération
(Henry-Claude Innocent, conférence, 1995). Cependant, chez l’Haïtien d’hier et
d’aujourd’hui, ceci est le prototype d’un comportement ésotérique basé sur la
non violence et le respect des lois de la Nature.
Du choc mystique
entre les dieux africains - les loas - et ceux des Indigènes des trois
Amériques, naquirent une nouvelle race d’esprits ou de génies difficile à
dénombrer, à classifier et surtout à dénommer. Ces nouveaux loas ont été,
sûrement par souci d’ordre hiérarchique, surnommés «loas créoles ou indigènes»
et «loas d’habitation ou domestiques», notamment pour les esprits des ancêtres
aussi bien que pour les Gardes (esprits guerriers) nés pour la plupart parmi
les marrons de l’esclavage (Jean Zenga, Biassou, Charles Belair, Hallalou,
Romaine, Mackandal, Makaya, etc.) que les loas avaient initiés à
Saint-Domingue.
D’où le culte
«Makaya» ou culte de Simbi Makaya qui est constitué par une sélection de rites
guerriers tirés des rites Rada, Pétro, Bisago (Bizango), Mandengue, Nago,
Bambara, Ibo, Peul, Congo… venus d’Afrique. Le «Makaya», à l’opposé du
«Guinen», est très expéditif et, paraît-il, peu soucieux du respect des lois
cosmiques. Il existe historiquement cinq grands moments dans l’évolution du
culte Makaya-Bizango en Haïti : les règnes de Dessalines, de Pétion-Boyer, de
Soulouque, de Duvalier et d’Aristide-Préval.
Danmbala et Ayida,
loas de la symbiose et des relations humaines; protecteurs des couples. Nancy
Tournier Férère
A l’instar de plusieurs chercheurEs 1-3, 8-13, nous croyons
que les Sciences Occultes du Vaudou se basent sur une généalogie des dieux,
leurs relations mutuelles, leurs fonctions, leurs classifications, aussi bien
que sur un mélange de rites (Rada, Pétro, Congo, Nago, Ibo, Zandor, etc.), de
motifs (vèvès) et de symboles kabbalistiques; à la fois mi-religieux,
mi-animiste et mi-scientifique. Ces rites - Rada qui correspond à l’Air; Pétro
au Feu; Congo à l’Eau; Ibo au Verbe, Nago au Métal, et An-Mine à la Terre -
sont destinés à honorer les loas, à les contacter et à les vénérer au cours
d’une cérémonie1-3.
L’arrivée d’un loa se manifeste par la possession d’un
sujet11, en passant par ses caractéristiques lors d’un choc émotionnel, d’un
deuil, d’un incident inattendu et inhabituel, des noces, des danses et des
cérémonies présidées par un Hougan ou une Mambo. Le loa peut chevaucher ou
visiter son fidèle même durant le sommeil. Ces esprits omniprésents et
puissants contrôlent des vies humaines et sollicitent en échange du respect et
de la loyauté envers eux. Ils nous rappellent très souvent que tout Esprit est
jaloux, et même Dieu, le Grand Tout, le Grand et inaccessible Olohoum, que
personne d’ailleurs n’a jamais vu.
En Haïti, ils sont trop souvent sollicités par les habitants
de ce pays, précisément lors des séances de guérison, par souci matériel ou
pour des besoins de protection. Ils sont alimentés par la classe politique3,
les commerçants de la bourgeoisie marchande, les militaires et le bas-peuple3,
12-13. Et puisque chaque famille haïtienne a son protecteur ou ses loas6,
14-15, il est donc facile de s’imaginer le nombre de «services», de cérémonies
ou d’actions de grâce commandités par l’ensemble de la population haïtienne au
cours d’une année.
Quel héritage d’Afrique14-15 que cette panoplie de génies
aux quatre éléments (eau, terre, feu, air) qui correspondent à, entre autres,
Agouet Aroyo (Eau), Erzulie (Terre), Ogou (Feu) et à Nibo (Air). Des quatre
coins cardinaux (Ouest: eau, le matériel; Nord: terre, la production, la
créativité et la survie; le Sud: feu, la consommation et la transmutation; Est:
air, le spirituel et la renaissance), ils sont toujours à leur poste de
protection et de combat3, 17.
Aux dieux, aux esprits-loas et aux esprits-hommes (loas
achetés), sont dédiés des oraisons et incantations1, des danses et chants1, 10,
des temples (hounforts)2, 16 pour prier et demander, vénérer et honorer. En
effet, ceux-ci guident, conseillent, prédisent l’avenir, et même punissent la
désobéissance d’un serviteur. Une plainte peut aussi être déposée auprès d’un
génie ou loa contre un affront fait à un adepte.
Les loas sont associés, paraît-il, depuis l’esclavage à
Saint-Domingue aux Saintes de l’Église Catholique. Ils sont souvent identifiés
ou assimilés aux images des personnages saints figurés dans les chromos
catholiques.
- Damballah «Arc-en-ciel» est représenté par Moïse
(rite Rada);
- Damballah «La-Flambeau» par Saint Patrick (rite
Pétro);
- Tokan Aïda Ouèdo - le principe féminin de
Damballah - par Notre Dame de l’Immaculée Conception ou Sainte Véronique;
- Piè (Pierre) Damballah et Piè Dantor par Saint
Pierre;
- Grann (Grand-mère) Alouba ou Aloumandia est
identifiée à Sainte Anne;
- Legba Mèt Kafou (Maître Carrefour) par Saint
Lazare;
- Legba Mèt Pòtay (Maître Portail) par Saint
Pierre;
- Atibon Legba par Saint Antoine (l’Hermite, rite Rada;
de Padoue, rite Pétro);
- Simbi dlo (eau) par Saint Raphaël;
- Simbi Andeïzo (entre deux eaux) par Saint André;
- Azaka Médé par Saint Isidore le Laboureur;
- maîtresse Erzulie Fréda Dahomey par Sainte Rose,
Vierge Miracle, Mater Dolorosa, Vierge Caridad ou encore Sainte Élisabeth;
- maîtresse Erzulie Dantor par Notre Dame de
Czestochowa - Mater Salvatoris, la Vierge Noire de Pologne -, Notre Dame
du Mont-Carmel, Notre Dame du Perpétuel Secours ou Notre Dame d’Altagrâce;
- maîtresse LaSirène par Notre Dame de l’Assomption;
- Baron Samedi par Saint Martin de Porrès;
- Guédé Nibo par Saint Gérard de Majella;
- Baron LaCroix par Saint François d’Assise;
- Bossou Trois Cornes par Saint Vincent;
- Ogou Batallah par Saint Philippe;
- Ogou Balendjo par Saint Jacques le Majeur; Ogou Ferraille
et Shango par Saint Georges;
- Ogou Badagri par Saint Joseph;
- Ogou Saint Jean ou Jean Dantor par Saint Jean le
Baptiste;
- Agassou Gnenin (Djémé) par Saint Augustin;
- mambo Aïzan Vélékété par Jésus-le-Christ durant
son baptême;
- Lenglesou par Jésus-Christ crucifié et
ensanglanté sur la Croix;
- Loko Atissou (Papa Loko, médecin et hougan);
- le gardien des hounforts, par Saint Joseph;
- maîtresse Clermesine Clermeil par Sainte Claire;
- maîtresse Philomise Pierre par Sainte Philomène;
- Saint Nicolas et Sainte Lucie, considérés comme
les parents des loas Marassa, par Saint Côme et Saint Damien, les Jumeaux
monozygotes catholiques.
Bref, il est à noter
que les dieux Legba, Ogou et Erzulie sont parmi les loas les plus
représentatifs dans les chromos populaires des images catholiques. Cette
dichotomie ou plutôt le syncrétisme observé, utile jusqu’à présent, prit
naissance dans les «cases nègres» afin d’éviter, sans nul doute, les foudres du
Commandeur ou du Colon qui voulait à tout prix «civiliser» les esclaves. Chaque
«esprit» de l’Afrique fantôme, non oubliée, était représenté par un Saint de
l’Église Catholique, correspondant à son image et à son pouvoir divin. Les
esclaves africains, en se prosternant devant une image d’unE SaintE,
mentalement se projetaient vers l’Alma Mater, l’Afrique perdue à jamais mais
gardée secrètement dans leur mémoire.
LA VÉRITÉ DES DIEUX
Existe-t-il une
vérité même pour les dieux? Cache-t-on des «choses» depuis la fondation du
monde?18 Les loas, esprits, anges,
existent-ils vraiment?4, 19 Les Saints catholiques ont-ils
remplacé les dieux de l’Antiquité? Qui est le Saint Graal? Qui est Jésus
Christ?17, 20-21 Quel fut le secret des Templiers?20 Qui sont vraiment Confucius,
Mahomet et Bouddha?22 Autant de questions pour autant
de réponses gardées secrètes par les détenteurs et les héritiers du pouvoir
divin sur terre, les hommes de l’Église.
Mais, n’est-ce pas un
«esprit» qui arrêta le bras d’Abraham; un «esprit» qui annonça à Marie qu’elle
va être mère de Jésus; un «esprit» qui dicta à Mahomet un livre, le Coran, qui
bouleversera l’Orient? Jeanne d’Arc, n’a-t-elle pas été guidée par des «saintes»
face au tribunal de l’Inquisition? L’Archange Saint-Michel est-il si différent
du «Ogou» haïtien ou africain? Si l’on comprend bien10, 17, qu’il s’agisse du «diamon»
grec, des «djinn» arabes, des «anges, archanges, trônes et dominations», ils
sont de tous les temps et de toutes les civilisations. Chaque peuple donne aux
«esprits» les noms qui lui conviennent. Il s’agit vraisemblablement des mêmes
«esprits» sous des appellations différentes.10, 15
Néanmoins, il existe
en Haïti et autres lieux une multitude de loas créoles, indigènes ou régionaux,
paraît-il incalculables, qui régit la vie au quotidien.
Les plus célèbres de
ces loas et divinités sont:
- les Erzulie (Fréda, Dantor, Mapiangueh, Balian,
Borang, Taureau, Guétor, Kaoulo, etc.);
- les Ogou (Batallah «le Patriarche des Ogou»,
Balendjo, Badagri, Ferraille, Ashadeh, Yamsan, Bacouleh, Shango, Ossangne
et consorts);
- les frères Zaka (Azaka Médé, Limba, Guidi,
Guesci);
- les sept Legba (Legba Avadra, GrandChemin,
Atibon, Kafou, Zanclian, Fleuroundé...);
- les Simbi ou les Saints de l’eau (Simbi Andeïzo,
Simbi Am-po-lha, Simbi Iom-pha-ca);
- les Marassa (Marassa Dosou, Dosa, Dogué, Marassa
Kay, Marassa Bois, Marassa Guinen, Marassa Congo, Marassa Zinsou, Zinse,
Marassa Carrefour);
- les Guédé (Les Guédé «fils légitimes de Baron
Samedi», Guédé Nibo, Brave Guédé, Guédé Loray, Guédé Ti-Wawé, Mazaka
LaCroix, Guédé Zaryen, les Guédé créoles);
- les Baron (Baron Samedi, Baron Cimetière, Baron
LaCroix) et Grann Brigitte (femme de Baron Samedi);
- les Pierre (Pierre Damballah, Papa Pierre, Pierre
Dambara, Pierre Balawe);
- Agouet Aroyo et Maîtresse LaSirène (son épouse);
- Damballah et Aïda Ouèdo (son double féminin).
Douze importants loas
des trois principales nations (Rada, Pétro, Congo) parmi les vingt et un que
l’on connaît du Panthéon haïtien, sont ici présentés.
- Legba, gardien des barrières, maître des
carrefours, qui a le pouvoir d’ouvrir les portes de la Connaissance et de
la Vérité;
- Erzulie Fréda, fille d’Agoué, symbole de la
prospérité, déesse de la passion et de l’amour;
- Erzulie Dantor, esprit de la fertilité, mère
nourricière (Athéna), mais de l’amour aussi (Athor);
- Ogou-Ferraille / Ogou-Shango, esprit de la guerre
et du fer / esprit du feu, symbole de la virilité;
- Cousin Zaka, esprit protecteur des paysans et des
récoltes;
- GrandBois, le grand dieu Pan, esprit des bois et
forêts;
- Simbi, esprit protecteur des magiciens et de tous
ceux qui pratiquent l’occultisme;
- Marassa, les esprits jumeaux, symbole de la
gémelliparité dont le rôle est l’enfance du monde;
- Agouet Aroyo (Agoué), dieu de la mer et des
océans, symbole de l’ultime stade de l’initiation sous l’eau;
- Damballah, le dieu des dieux - le culte de
Damballah -, le maître suprême, détenteur de la Connaissance et de
pouvoirs magiques extrêmes - symbole : le serpent, l’arc-en-ciel et
l’éclair -;
- Aïzan, esprit de l’Initiation et de Pureté qui
éclaire les routes des initiés et de l’Astral, loa exorciseur et
purificateur;
- Baron Samedi, divinité de la mort, chef des
Guédé, le Maître des maîtres, le maître des cimetières.
Bref, ils sont pour
la plupart, sinon tous, des loas hermaphrodites ou androgynes (Erzulie,
Damballah, Agoué, Simbi, Marassa), comme l’Homme l’était d’ailleurs auparavant.
Adam et Ève, avant leur séparation, étaient les jumeaux de Dieu. D’aucuns, en
Haïti comme à l’étranger, pensent tout haut que ces superbes génies ne sont que
des anges rebelles, échus au premier ciel (Terre) pour se racheter. Nous nous
demandons, dans l’optique de la vérité et de la géographie des lieux, pourquoi
Haïti serait-elle, pour comble de nos malheurs, le lieu par excellence de la
dérive de la foi en Dieu? Et à quel titre, lorsqu’elles viennent des Caraïbes
ou de l’Afrique, des croyances qui sont familières aux autres23-26 sont si dénigrées?
Dans le contexte
d’une correspondance10, 15 entre les dieux haïtiens ou africains
et les mythologies grecques, romaines, celtiques ou germaniques, force est de
constater que
- le puissant Legba, le gardien des portes de
l’Invisible, l’Introducteur auprès d’autres dieux, serait l’équivalent de
Zeus (Grec), de Jupiter (Romain), de Taranis (Celte) et de Tiwar
(Germain);
- le dieu des mers, Agoué, serait Poséidon (Grec),
Neptune (Romain), Liyr et Mananan (Celte), Aegir Njorther (Germain);
- la déesse Aïzan serait Cérès (Grec), Déméter
(Romain);
- les esprits jumeaux, Marassa, seraient Les
Dioscures (Romain), Emmain et Macha (Celte), Alci (Germain);
- le suprême dieu, Damballah, serait Dionysos
(Grec), Bacchus (Romain), Nidhoggr (Germain);
- le dieu de la guerre, Ogou, serait Arès (Grec),
Mars (Romain), Teutatès (Celte), Thor et Watan (Germain);
- le dieu laboureur, Zaka, serait Esos et Amatheon
(Celte);
- la déesse du plaisir et de l’amour, Erzulie
Fréda, serait Aphrodite (Grec), Vénus (Romain);
- la maîtresse passionnée, Erzulie, serait Artémis
(Grec), Proserpine (Romain), Dana (Celte), Hertha (Germain);
- l’esprit de la mort, Guédé, serait Priape (Grec),
Priape (Romain), Fomori (Celte), Loki (Germain);
- le dieu des forgerons et des armées, Ogou
Ferraille, serait Héphaïstos (Grec), Vulcain (Romain), Gobannon (Celte);
- la Reine des reines, Erzulie Dantor, serait
Perséphone (Grec);
- Ogou Saint Jean serait Hermès et Criophore
(Grec), Mercure (Romain), Lug (Celte).
Certes, il est
important de noter que les Européens comme les Africains n’échappent pas à
l’emprise des dieux sur leur monde, et que ces «esprits» sont de tous les temps
et de tous les pays.
- Saint Jacques Majeur, n’est-il pas le Patron des
Espagnols (ville de Compostelle)?
- Saint Georges, celui des Libanais;
- Saint Joseph, celui des Montréalais;
- Saint Jean Baptiste, celui des Québécois;
- Agoué règne sur Haïti et sur toutes les îles;
- Notre Dame du Perpétuel Secours sur
Port-au-Prince;
- Saint Patrick patronne les Irlandais;
- Baron règne en maître sur les Chinois (depuis la
dynastie Ming);
- et Damballah ou Agoué sur les Japonais.
- Alexandre le Grand, ne servait-il pas Zeus;
- sa mère, Dionysos;
- Cléopâtre, la Grande Isis, la déesse panthée dont
les Gaulois vénéraient.
- Damballah, aux gestes d’extravagance, ne
chevauche-t-il pas précisément les Rois et Empereurs?
- L’Europe de l’Est et l’Afrique, ne sont-elles pas
patronnées par la vénérable Mère Universelle, la Vierge Noire, la Mater
Salvatoris?
- La Grèce, La France et l’Angleterre par la Mater
Dolorosa?
- Nostradamus, par Saint Antoine ou Legba?
Tout pour ainsi dire
que les «esprits, loas, anges ou mystères» sont aussi vieux que le monde et
contrôlent nos destinées à la baguette de l’Apocalypse… et que l’eau (Agoué),
la terre (Dantor), le feu (Ogou) et l’air (Nibo) sont en principe des divinités
du vaudou.
GLOSSAIRE
Abobo (Ayibobo) : Ainsi soit-il, Amen.
Ago-é : Exaucez-nous.
Assogoué : C’est l’Initié au troisième degré.
Asson (açon) : Hochet rituel composé de
vertèbres de couleuvre entrelacées.
Assotor : Le plus grand des tambours sacrés.
Bagui : Le bagui ou badji est l’oratoire (rogatoire)
personnel du Hougan, lieu privé et privilégié où logent les esprits.
Bassin Saint Jacques : Lieu de pèlerinage où les
serviteurs du vaudou se purifient dans un bassin de boue – limon de terre - ,
l’élément originel.
Boula : Le plus petit des tambours
sacrés de la batterie Rada.
Boulé-Zen : C’est une cérémonie qui
consiste à enflammer l’huile dont on a préalablement enduit des vases
d’offrandes. Épreuve publique du feu à laquelle sont soumis les initiés.
Canzo (Kanzo) : Individu qui a reçu
l’Initiation vaudou au cours de la cérémonie-canzo. L’Initié-Canzo est capable
de toucher au feu sans se brûler.
Caprelata : Mot synonyme de «degré» ou
«point» dans la magie vaudou (Sud d’Haïti).
Croix-signer : Tracer une croix sur un objet
ou sur une personne.
Desounen : Cérémonie de «dégradation»
visant à enlever les pouvoirs mystiques d’un initié après sa mort.
Divinor : L’équivalent du Hougan (devin)
dans le Sud d’Haïti.
Djèvo (Guévo) : Cellule initiatique, une
des dépendances du sanctuaire vaudou.
Djinn : G énie, dans le vocabulaire
arabe.
Garde : Sorte de talisman au pouvoir
magique que portent les vodouisants. Se dit aussi des esprits-hommes.
Govi : Désigne une cruche d’où parlent les esprits. On
invite les loas à y descendre.
Guignon : Mauvais sort.
Hougan : Prêtre du vaudou. Selon ses
fonctions, il est appelé «divinor», «bocor» ou «docteur-feuille».
Hounfort : Le hounfort ou temple vaudou
est une sorte de couvent où l’on apprend à connaître les divinités.
Houguenikon : Il dirige le chœur de la
société des hounsis dans le hounfort, et se charge «d’envoyer» des chants. On
parle de reine-chanterelle lorsque le rôle est tenu par une femme.
Houngnor : Nouveaux initiés.
Hounsi : Servante du temple, vêtue de
blanc, qui assiste le Houngan ou la Mambo. Elle chante également et exécute des
danses rituelles, accompagnée de tambours qui sont eux-mêmes des dieux, pour
invoquer les esprits. Ce sont souvent des femmes initiées.
Hounsi «bossale» : C’est l’initié au
premier degré.
Hounsi «kanzo» : C’est l’initié au second
degré.
Ifé : Quartier général des esprits, la Ville Sainte
(Ville-aux-Camps, l’Olympe vaudou, la Guinée céleste) équivalente de la
Jérusalem céleste des Chrétiens. L’étoile à huit branches est le symbole d’Ifé.
Kay-loa (maison-loa) : C’est le
hounfort, le temple ou le sanctuaire des esprits. On le nomme également
«kay-mystère» de façon plus intime.
Lampe : Technique utilisée en magie de feu afin de canaliser
l’énergie des forces suprêmes de création maléfiques ou bénéfiques pour la
réalisation d’un vœu. On en distingue différents types: La lampe de chance (ou
de travail), la lampe de charmes, la lampe d’expédition à caractère désastreux
et maléfique.
Lampe éternelle : C’est l’équivalent vaudou de la
lampe du sanctuaire. Elle repose au milieu du rogatoire.
LaPlace : Le maître de cérémonie dans le vaudou. Il est
armé d’un sable ou d’une machette, et seconde le Hougan.
Libation : Cérémonie de «jeter dlo»
(verser de l’eau).
Loa :
Esprit, ange ou «mystère».
Les loas du rite Rada
(ou Arada) sont: Aïzan, Loko Atissou, La Vierge Caridad, Sainte Élisabeth,
Maîtresse Erzulie Fréda, Grand-mère (Grann) Erzulie (Fréda dans sa vieillesse),
Damballah Ouèdo, Aïda Ouèdo, Atibon Legba, Agoué Aroyo, Maîtresse LaSirène,
Agassou Gnénin (Djémé), La Famille Simbi, La Famille Ogou, Azaka Médé, Cousin
Zaka, Agaou Tonnerre, Sobo Kessou, Badè, Les Marassa, La Famille Guédé (Les
Morts).
Loas Rada servis sous
la bannière Pétro: Legba, Simbi, Bossou, Agaou, Kafou (Carrefour), Marassa,
Erzulie, Damballah, etc.
Loas Congo: Les trois
femmes d’Égypte (La Reine Congo), Roi Ouangol, Amine, Danwezo (les trois Rois
Mages), Simbi Ganga, Bazou Menen, Yatibwa Kento… des esprits-hommes. Les loas
Ouangol, Amine et La Reine Congo sont vénérés avec ferveur dans le Sud d’Haïti;
alors que Danwezo est plutôt connu dans le Nord et surtout le Nord-Ouest
d’Haïti.
Loas Nago: Les Ogou
(Ossangne Guegui Malor, Ogou Batallah, Balendjo, Badagri, Ashadeh, Shango,
Ferraille, Olisha, Balomi, Balisère, Palama, Ossangne Bacouleh, Ogou
Cancannican, Ogou Yamsan, Ogou Tonnerre…). Le rouge, la couleur des Nago,
l’esprit du feu. Rite Nago, danse guerrière des Ogou. Ces loas de la famille
Nago ont été intégrés au rite Rada.
Les Gardes (esprits
guerriers): Marinette, Mapiangueh, Lenglesou, etc.
Loa Saint Jacques ou
Saint Jacques Majeur, chef des Ogou. Comme Ogou Balendjo, Ossangne est un Ogou
mouillé. Vierge Caridad, Sainte Rose, Sainte Élisabeth, probablement des
doublets de la déesse Fréda, n’ont pas d’autres noms que celui de la Sainte
elle-même.
Ogou Ashadeh, Ogou
Ferraille, Ogou Badagri, Ogou Balendjo, les quatre, dans certaines régions
d’Haïti, sont pourtant identifiés à Saint Jacques Majeur. En règle générale, ce
dernier représente Ogou Balendjo; Saint Pierre, Legba; Saint Georges, Ogou
Ferraille; Saint Joseph, Ogou Badagri. Cependant, dans l’Ouest d’Haïti, Saint
Joseph représente également Loko Atissou.
Les Ogou des rituels
Rada, Pétro, Congo, Nago et Makaya sont : Ogou Bacouleh (Rada); Ogou
Shango (Pétro); Simbi Ganga (Congo), équivalent de Saint Michel Archange; Legba
Nago (Nago) et Simbi Makaya (Makaya), équivalent d’Ogou Ferraille.
Si les Ogou nettoient
la route aux initiés, Dantor la prépare et Fréda installe précieusement son
homme. Il ne faut pas alors trop mettre l’accent sur une distinction complète
entre ces deux maîtresses.
«Nan Souvenance»
(Rada-Dahomey), «nan Soucri» (fief des Congo), «nan Badjo» (Nago), ces trois
hauts lieux mystiques d'Haïti constituent le triangle sacré et représentent
trois grands rituels vaudou: Rada-Dahomey, Congo et Nago.
À Port-au-Prince
(Ouest d’Haïti), c’est le culte Pétro qui est à l’honneur. Dans le Nord et le
Nord-Ouest, le culte des «Guédé» y est absent, alors que les «Pierre» y sont
vénérés.
Il est à noter
cependant que les jours d’opération ou jours consacrés aux esprits varient
dépendamment de l’opérateur, c’est-à-dire à la discrétion du Hougan ou de la
Mambo, et en fonction des régions, des zones, des départements, des us et
coutumes locaux, et de l’accoutumance des «habitations». Ce même problème
existe et persiste quand on fait la relation entre les loas et les images
catholiques correspondantes; ce qui laisse sous-entendre une pluralité des
lieux, des hommes et de leurs secrets.
Loa-marassa : Esprit-jumeau double qui
symbolise l’enfance du monde.
Mambo : Prêtresse du vaudou. On
l’appelle également «Divinèse». Quand elle pratique la magie noire, elle est
désignée sous le vocable de «loup-garou». Dans le cas d’un Hougan, c’est un
«bocor».
Manger-loa : Cérémonie vaudou où l’on donne
à manger aux esprits. On parle de «manger-marassa», de «manger-les-morts», de
«manger-les- anges».
Ogan : Cloche.
Pé :
autel dans un sanctuaire vaudou. Se dit encore «Pégi».
Péristyle : Grande salle qui prolonge le sanctuaire
vaudou, réservée aux cérémonies et danses publiques.
Père-savane : Personnage très populaire qui
mime la conduite et les responsabilités d’un prêtre qu’il représente
officieusement dans les campagnes haïtiennes.
Pierre-tonnerre : Pierre triangulaire trempée
dans l’eau bénite, dans l’huile ou dans un bain aromatique. Elle représente un
dieu ou un loa.
Pitite-feuille : Celui ou celle qui a reçu l’Initiation d’un
Hougan ou d’une Mambo. Il ou elle devient son «Papa-feuille» ou
«Manman-feuille».
Porte-drapeau : Ils sont au nombre de deux.
Pot-tête : Pot de tête contenant l’âme de
l’Initié.
Poteau-mitan : Pilier central et sacré du
péristyle, aussi appelé «Poteau Legba» qui est en somme le poteau des esprits.
Reposoir : Arbre favori servant de
résidence à un loa. Celui-ci peut avoir plusieurs reposoirs.
Serviteur : Une personne qui pratique
fidèlement le culte des «esprits» vaudou en leur présentant de façon régulière
des offrandes.
Sobagui : L’une des trois pièces du
hounfort.
Vèvè : Dessin ou motif, à base de
farine, tracé à même le sol au pied du pilier central, qui est l’emblème d’une
divinité que l’on désire invoquer. Marque distinctive d’une écriture symbolique
des esprits laissée par les ancêtres. C’est l’héritage, la Bible de l’Afrique
animiste (Max Beauvoir). Vestige de la culture totémique (Louis Maximilien).
Les vèvès descendent
de la tradition religieuse des Indiens. Ces derniers les réalisaient par des
procédés analogues à ceux des Haïtiens. Au cours des temps, les motifs indiens
ont été partiellement remplacés, sous l’influence coloniale française, par ceux
de la magie (symboles kabbalistiques). Ceux-ci ont été adoptés par le vaudou
dans un esprit religieux qui obéissait à la tradition indienne (Dr Louis
Maximilien).
Zambos : Métis d’indiens et de nègres.
Zémès : Dieux du panthéon indien
d’Haïti.
Zen :
pot de terre (rite Rada) ou de fer (rite Nago) utilisé dans le boulé-zen.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1.
Milo MARCELIN : Mythologie
vodou (Tomes I et II), Les
Éditions Haïtiennes, Port-au-Prince, 1949-1950.
3.
Milo RIGAUD : La tradition
voudoo et le voudoo haïtien (son temple, ses mystères, sa magie), Niclaus, Paris,
1953.
4.
Lorimer DENIS : Origine des
loas, in Mémoire de
l’Institut Français d’Afrique Noire, Dakar (Sénégal), 1953.
7.
Jacques Stéphen
ALEXIS : Du réalisme merveilleux des haïtiens, in Présence de
Jacques Stéphen Alexis, Publication du CRESFED
(Centre de recherche et formation économiques et sociales pour le
développement), Port-au-Prince, sans date de parution, pp.23-65.
13. Emmanuel C. PAUL : Panorama du
folklore haïtien, Impr. de l’État,
Port-au-Prince, 1962; Fardin, Port-au-Prince, 1978.
15. COLLECTIF: Ancestral rays, Journey through haïtian history and culture, Illustrated with the works
of Hërsza Barjon, Old Dillard Museum, February 10-March 31, 2005.
17. Alexandre MORYASON : La lumière
sur le royaume ou Pratique de la magie sacrée au quotidien (1986), Impr. du Corrézien,
France, 1993.